Les révélations faites par Taoufik Charfeddine, ministre de l’Intérieur, à propos de quelques syndicalistes sont inquiétantes et méritent les mesures appropriées. Il y a lieu d’abord de noter l’acte d’insubordination de la part d’un sécuritaire syndicaliste qui a donné l’ordre aux forces destinées à sécuriser les festivals de se retirer suite à ce qu’il a qualifié «d’atteinte aux mœurs», lors d’une représentation de Lotfi Abdelli. Un tel acte est contraire aux règles militaires et sécuritaires qui régissent ces corps armés. En effet, quel que soit le grade du syndicaliste, il n’a pas l’autorité nécessaire pour exiger l’obéissance des agents en mission sur le terrain. Cet agissement peut rompre la chaîne du commandement et la non-application des ordres avec toutes les conséquences graves qui peuvent en découler, notamment en présence d’un public qui se compte par milliers. Mais ce n’est pas la première fois que des syndicalistes sécuritaires bravent le droit et enfreignent les règles qui régissent la profession. En effet, les multiples «fuites», déclarations faisant état de révélations de faits ou de données personnelles d’individus faisant l’objet d’enquêtes policières est une violation du respect des règles de protection du secret et d’usage du droit de réserve, notamment lorsqu’ils s’expriment sans autorisation préalable sur des questions de sécurité nationale. Cette montée en puissance des syndicats policiers s’explique par le nombre grandissant de leurs adhérents. Ces derniers, bien qu’ils disposent d’une mutuelle, trouvent dans ces syndicats une autre organisation à même de leur fournir des services sociaux et financiers tels que les prêts personnels moyennant une cession sur salaire. Le flux financier tel que révélé par le ministre de l’Intérieur s’élève à plus de 40 millions de dinars par an. Ces transactions financières ne s’adossent pourtant à aucun texte réglementant cette activité par les structures syndicales. C’est ainsi qu’à force de prélèvements, certains agents se trouvent sans salaire ou presque, alors que la loi stipule que les prélèvements ne doivent en aucun cas dépasser 40% du salaire. En décidant de mettre un terme à ce mode de prélèvement, qui désormais sera assuré par la direction des affaires administratives et financières du ministère, le ministre confie la gestion des ressources humaines à la structure appropriée. En même temps, l’enquête diligentée pour soupçons de mauvaise gestion suit son cours et des suspensions sont en vue. Pour ainsi dire, le droit syndical des sécuritaires sera préservé mais limité aux aspects énoncés par la loi. Il mettra fin à l’instrumentalisation de ce pouvoir syndical à des fins autres que la défense des intérêts des policiers.
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